La réserve et les hommes

Divers sites archéologiques témoignent de la présence de populations humaines dans les monts Trinité durant les périodes préhistorique et contemporaine.

Polissoirs-amerindiens-Camp-Aya

Polissoirs amérindiens (Camp Aya) ; site archéologique n° 97 306 006

Abri Arca

Occupation humaine préhistorique et contemporaine dans le secteur Aya (inselberg Roche Bénitier et environs). Le contour des secteurs à balatas saignés est pour l’instant très approximatif.

Occupation humaine préhistorique et contemporaine dans le secteur Aya (inselberg Roche Bénitier et environs). Le contour des secteurs à balatas saignés est pour l’instant très approximatif © ONF

En 1990, Alain Cornette a réalisé du 18 au 21 septembre avec la mission « Saub », une prospection partielle de l’inselberg ; il a surtout bien décrit l’abri sous roche formé par un chaos de blocs granitiques.

Quatre gros (2 à 3 mètres) blocs inclinés et alignés constituent le côté nord ; un énorme bloc incliné reposant sur deux des quatre blocs précités constitue la voûte de la partie sud, l’abri ouvrant vers le sud-ouest. La hauteur à l’entrée est d’environ 10 mètres, la profondeur de l’abri est de 15 mètres ; le fond étant constitué de blocs plus petits.

De nombreux petits couloirs et diverticules, remplis d’éboulis de pierres et de terre, amènent à de petites salles qui ouvrent vers l’extérieur (le sud-ouest) ou la surface de l’inselberg. Le sol de l’abri est en pente assez forte du fond vers l’entrée. Cornette y avait ramassé 45 tessons, dont deux fragments de bords rectilignes (un avec perforation).

En novembre 1991 (du 4 au 6), Nowacki-Breczewski et Puaux réalisent rapidement un sondage et un ramassage. Le ramassage fournit 8 tessons.

Un tesson provenant d’un sondage de l’Abri Arca a fourni une date de dernier chauffage estimée à environ 1500 ans de notre ère. D’autres tessons devraient être datés par thermoluminescence pour corroborer cette datation.

Des tessons dans ce qui pourrait être une couche d’occupation ont été trouvés en 2006, alors que Cornette n’en avait pas retrouvés dans ses trois sondages.

Cela laisse un peu perplexe, mais quoi qu’il en soit, l’occupation amérindienne est réelle, même si elle est ténue, et la fonction funéraire peut être avancée étant donné les arguments fournis : taphonomie (mode d’enfouissement) des vestiges retrouvés, gros tessons en fond d’abri, la pente de l’abri vers la sortie produisant un effet de tri différentiel ; contexte connu d’abris funéraires pour différentes périodes précolombiennes en Guyane.

Il n’est pas évident de caractériser les occupations de ce type d’abris qui ont pu servir de refuges occasionnels à de nombreux autres groupes amérindiens postérieurs à ceux qui les ont utilisés la première fois et aux « visiteurs » européens ou autres postérieurs à la Conquête. La rareté et la mauvaise conservation du matériel céramique ne permettent pas non plus d’attribuer à une culture archéologique connue, le matériel trouvé.

Autres sites d’intérêt

Pierre-gravee-sur-les-contreforts-de-la-Roche-Benitier

Pierre gravée sur les contreforts de la Roche Bénitier

En dehors des limites de la réserve, à environ 2,5 km du sommet de l’inselberg, un très beau site à polissoirs a été localisé sur la crique Aya (site n° 97 306 006).

101 polissoirs (47 en forme de fuseau, 42 en cupule ovale, 11 en cupule ronde et 1 présentant un fuseau dans un ovale) sont répartis sur trois blocs d’un affleurement rocheux granitique.

Un nouveau site à polissoir (site n° 97 306 016) a été découvert par Michel Blanc et Maël Dewynter en juin 1999 sur une petite crique en contrebas de l’inselberg.

Il est à noter qu’une pierre apparemment gravée a été découverte récemment par Marguerite Delaval.

Cette pierre n’a pas fait à ce jour l’objet d’une expertise archéologique.

 

 

 

Histoire contemporaine

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Début de construction du camp Aya en 2011 © Marguerite Delaval

La remontée des fleuves Sinnamary et Courcibo ne débute qu’à la fin du XVIIIème siècle. D’anciens établissements de noirs marrons y sont alors recensés.

À partir de la découverte de l’or (1866) dans le bassin du Sinnamary, la ruée sur les placers d’Adieu Vat et de Saint-Elie, et surtout après 1875 le Sinnamary, le Courcibo, les crique Tigre et Sursaut deviennent le lieu d’expérimentation de machines et de techniques avancées, jusqu’au déclin des activités aurifères des années 1950. L’exploitation de la forêt s’intensifie avec la recherche aurifère et la pénétration dans l’intérieur des terres.

Le Balata (Manikara bidentata – Sapotaceae) est exploité notamment dès le XVIIIème siècle comme bois d’oeuvre sur les communes de Sinnamary et Iracoubo, puis au XIXème siècle pour sa gomme (latex), dans la basse et la moyenne vallée du Sinnamary et ses affluents, les criques Tigre, Saunier, Toussaint, Grégoire, Chapeau, Vénus, Plomb… La présence de Balata saignés a également été remarquée dans le secteur Aya de la Trinité. L’exploitation de la gomme a même gagné la forêt sommitale de l’inselberg.

La création de la réserve intervient en 1996 et la construction du camp Aya en 2011.