Dendromicrohabitats en forêt tropicale

Encore largement méconnue pour de nombreuses espèces tropicales humides de Guyane, les dynamiques de mortalité et saproxylation ainsi que l’autoécologie même des espèces d’arbres restent encore à préciser.

L’objectif premier de cette étude commandée par la réserve de La Trinité à Lucas Barrull  est de réaliser un focus sur les dendromicrohabitats (DMH) d’une parcelle d’un hectare du dispositif CLIMFOR et d’en extraire de grandes tendances issues de la récolte de données de terrain.

Le protocole a consisté à passer en revue l’ensemble des arbres du quadrat n°2 du dispositif CLIMFOR dont le diamètre est supérieur à 10 centimètres et d’observer minutieusement du pied jusqu’à une hauteur maximale d’environ 20 mètres (limite visuelle sous canopée). Les dendromicrohabitats (cavités, fissures, épiphytes…) sont notés et évalués (largeur x hauteur…).

Parmi les principaux résultats, il ressort que 30% des arbres (182 tiges/ha) sont des arbres habitats, 100% des Très Gros Bois sont porteurs de DMH, près de 99% des arbres ont entre 1 et 3 DMH, 44% des Très Gros Bois ont plus de 3 DMH et les formes de DMH les plus répandues sont les cavités (45%) suivies des blessures pour 27%. Les cavités les plus répandues sont celles à terreau (50%) voir même 86% si l’on exclut les racines échasses (une catégorie marginale dans les études en forêt tempérée). Dans les blessures, les plus répandues sont les fentes (35%), dues aux chutes d’arbres voisins. L’analyse par familles botaniques montrent une répartition des DMH analogue au cortège floristique de la parcelle, mais les Clusiaceae sont toutefois fort représentés (genre Symphonia spp, Tovomita spp…) du fait de la présence de racines échasses. La majorité des DMH (64%) se trouve à moins de 5 mètres de hauteur donc à une strate inférieure plus prompte à présenter ce genre d’habitats (impacts de chablis, forte humidité du sous-bois…) ou est-ce un biais relatif à la détectabilité plus facile à ce niveau ?

Même s’il reste un travail conséquent de recherche, cette première typologie permet d’entrevoir l’importance des DMH au sein des peuplements forestiers. D’autres disciplines pourraient utilisées ces résultats, en particulier il est envisageable de regarder l’utilisation par la faune de ces refuges.

Mesure d'un dendromicrohabitat de type dendrotelme par Lucas Barrull © Luc Ackermann

Still largely unknown for many wet tropical species in French Guiana, the dynamics of mortality and saproxylation, as well as the very autoecology of tree species, have yet to be clarified.

The primary objective of this study, commissioned by the La Trinité reserve from Lucas Barrull, is to focus on the dendromicrohabitats (DMH) of a one-hectare plot of CLIMFOR land and to extract the main trends from the field data.

The protocol consisted of reviewing all the trees in quadrat no. 2 of the CLIMFOR system with a diameter greater than 10 centimetres and observing them meticulously from the base up to a maximum height of around 20 metres (visual limit under the canopy). The dendromicrohabitats (cavities, cracks, epiphytes, etc.) were noted and assessed (width x height, etc.).

Main results show that 30% of trees (182 stems/ha) are habitat trees, 100% of very large trees have DMH, nearly 99% of trees have between 1 and 3 DMH, 44% of very large trees have more than 3 DMH and the most widespread forms of DMH are cavities (45%) followed by wounds (27%). The most common cavities are soil cavities (50%) and even 86% if we exclude stilt roots (a marginal category in temperate forest studies). In terms of wounds, the most widespread are cracks (35%), caused by the fall of neighbouring trees. Analysis by botanical family shows a distribution of DMH similar to that of the plot, but the Clusiaceae are strongly represented (genus Symphonia spp, Tovomita spp...) due to the presence of stilt roots. Most of the DMH (64%) are less than 5 metres high, i.e. in a lower stratum that is more likely to have this type of habitat (impact of windfall, high humidity in the undergrowth, etc.), or is this a bias related to the fact that they are easier to detect at this level?

Although there is still a great deal of research to be done, this initial typology provides a glimpse of the importance of DMH within forest stands. Other disciplines could make use of these results, in particular the use of these refuges by wildlife.